J’ai vu Paris se réveiller Aux croissants chauds, aux cafés crème Paris penché sur ses problèmes Paris moutard, Paris certif ’ J’ai vu Paris se déniaiser Paris bistrots, Paris les potes Paris les filles qu’on bécote Et pelote sur les fortifs Paris gamberge Paris vingt berges Paris je t’emmène en goguette Sur mon cadre de bicyclette J’ai ta peau à déboutonner Paris les bouges Paris vin rouge Paris oisif, Paris débauche Mais aussi Paris pas d’embauche Au seuil des usines gardées J’ai vu Paris, le poing brandi Et l’âme révolutionnaire Découvrant son front populaire Paris descendre dans Paris
J’ai vu Paris se passionner Pour un roi lui rendant visite Un condamné qu’on décapite Une invention, un mot d’esprit J’ai vu Paris s’époumoner À chanter un air à la mode Frou-frou, mon cul sur la commode Mais par malheur j’ai vu aussi Paris la guerre Paris misère Paris décomposé qu’on viole Paris qui n’a plus la parole Vaincu, souffrant et humilié Paris la gronde Paris la fronde Paris courage, Paris terne Paris gazogène et en berne Paris-Londres parachuté J’ai vu Paris jouer sa vie Paris ras-le-bol des brimades Et juché sur ses barricades Paris redevenir Paris
J’ai vu Paris se transformer S’emballer pour l’automobile Paris se croire aux mille mille Paris chauffard, Paris râler J’ai vu Paris se libérer Paris blues jeans, adieu complexes Paris égalité des sexes Paris pilule, émancipé Paris qui grogne Paris qui cogne Paris aux urnes prophétiques Paris qui parle politique Et s’enflamme pour une idée Paris en grève Paris qui rêve Paris assis cassant la croûte Ou pissant sur le bord des routes Arrosant ses congés payés Paris d’hier et de toujours Paris vingt siècles de jeunesse Pour tous tes amants tes maîtresses Tu restes le plus grand amour